Sources :
Les environnements de bureau sous Linux ne se limitent pas à Gnome et KDE. D'autres solutions existent mais qu'apportent-elles ?
Avant de répondre à cette question, il faut savoir que Gnome et KDE ne sont pas que des environnements de bureaux. C'est-à-dire pas uniquement une manière d'organiser notre espace de travail, d'interagir avec lui et de nous y mouvoir. Gnome et KDE comprennent également de nombreuses applications et utilitaires, parfaitement intégrées à l'environnement de bureau. Les solutions alternatives se cantonnent à proposer des environnements de bureau.
Lors de sa sortie, Unity introduisant une rupture avec la présentation classique du bureau, en supprimant l'immuable barre de menu qui occupait le haut de la fenêtre pour la remplacer par une barre d'état. Si vous êtes “accro” aux menus déroulants1) Unity n'est pas fait pour vous. On lance les application à partir d'un Dock (comme dans la Mac OS X), placé sur le côté. Ce faisant, Unitiy tient intelligemment compte de l'évolution uniforme des écrans d'ordi vers le format cinéma. Certaines craquent pour cette interface, d'autres lui trouvent un intérêt sur les petits écrans au format cinémascope. Au final, Unity ressemble à un mélange de Mac Os X, d'hybride souris-tactile et de Google Search.
Dans tous les cas, Unity est la solution la plus vorace en ressources (mémoire et processeur !).
Je ne mentionne KDE que pour le situer par rapport aux alternatives. KDE est généralement considéré comme l'environnement de bureau le plus abouti, le mieux intégré, le plus riche, pour stations de travail sous Linux.
Pas étonnant qu'il soit gourmand en ressources, mais moins qu'Unity !
Je mentionne Gnome car la mutation qu'il a connu explique une bonne part du succès des alternatives. Gnome a longtemps été l'environnement de bureau par défaut de nombreuses distributions (Debian, Ubuntu…). Dans sa version 3, Gnome supprime la barre de menus du haut de l'écran et développe une expérience plus graphique et compatible avec un terminal tactile (le menu déroulant sur un smartphone, c'est “moyen” ). Sur ordi, de nombreuses personnes ont estimé cette rupture totalement contre-productive et se sont tournées vers d'autres solutions.
Gnome-3 est moyennement gourmand en ressources.
Cinamon se glisse dans la continuité et l'héritage technique de Gnome-3 pour lui apporter un niveau d'intégration et une finition graphique qui le rapproche de KDE.
Il est plus exigeant en ressources que Gnome-3, presque autant que KDE. Y'a pas de miracle…
Mate est la réponse la plus aboutie au changement d'orientation opéré par Gnome-3. Se plaçant dans la continuité d'expérience utilisatrice de Gnome-2 (la barre de menu du haut), Mate refondre un nouveau projet exclusivement destiné à l'utilisation sur ordi. À la différence des “rustines” qui tentaient de brider Gnome-3 pour le faire ressembler à Gnome-2, Mate apporte est une solution cohérente alternative. Elle développe d'ailleurs ses propres utilitaires pour les fonctions de base d'utilisation du bureau (navigateur de fichier, gestionnaire de fenêtre, afficheur de documents, etc.).
Mate est légèrement plus exigeant en ressources que Gnome-3 tout en restant très en dessous d'Unity et en dessous de Cinamon.
XFCE est loin d'être un nouveau venu. Depuis des années, il résiste à l'embonpoint qui frappe Gnome et KDE et défend une certaine conception de Linux contre l'inflation technologique attisée par Microsoft ou Apple. Il prouve qu'un environnement de bureau peu être simple d'emploi et rester fluide, même sur un ordi limité en ressources. Il propose une entrée de menu permanente (façon Menu-Pomme de Macintosh) en haut à gauche, le reste du haut de l'écran étant occupé par une barre d'état. Il propose également un Dock, en bas d'écran (ala Mac OS X), moins flashy mais infiniment moins gournmand.
XFCE est économe en ressources. Il est particulièrement indiqué pour un ordi ancien2) dont le seul tort serait de ne pas arriver à faire “tourner” des environnements de bureau obèses.
Attention : l'embonpoint touche également les applications. XFCE s'emploie donc avec des applications également économes en ressources (pas des monstruosités à la Libre Office, par exemple).
Encore plus léger que XFCE, LXDE présente une interface qui rappelle Windows 95 ou les premiers pas de KDE. Un barre en bas de l'écran accueille une entrée de menu unique (à gauche), des raccourcis de lancement et des informations d'état.
LXDE est si économe en ressources qu'on peut envisager de l'utiliser sur des ordi antiques ou sur les pico_ordinateurs ayant vu le jour ces dernières années (par ex. Raspberry Pi).
Je pourrais également citer Enlightment, encore moins gourmand que LXDE, dans la même gamme d'utilisations ; mais aussi lxqt3) qui recherche également le légèreté en s'appuyant la même bibliothèque graphique que KDE.
Debian propose des “images d'installation autonome” (Live) qui permettent de tester les principaux environnements de bureaux4), sous le forme standard, respectant au plus près les intentions des concepteurs.
Ces “images” sont des fichiers à copier sur une clé USB (vierge) ou à graver sur un DVD. Vous pouvez alors redémarrer votre ordi à partir de la clé ou du DVD, sans rien installer sur votre ordi. Cela vous permet d'avoir un aperçu concret de chaque environnement. Mais attention à la réactivité… Un clé USB (pire un DVD) ne répond pas aussi vite qu'un disque interne ! Ne tirez aucune conclusion des performances. Pensez uniquement ergonomie et imaginez ce que ça donnerait si ça allait aussi vite que vous le souhaitez
L'environnement de bureau ne détermine pas à lui seul les performances finales. Même si ça ne saute pas aux yeux, l'environnement de bureau ne gèrent pas les fenêtres qui s'affichent sur l'écran. Pour cela, il s'appuie sur un Gestionnaire de fenêtre5) (Window Manager). Or celui-ci peut être très gourmand en ressources graphiques (effets 3D, transparences, animations…), au point de mettre à genoux un petit ordi. Dans le monde Linux, il est courant qu'un gestionnaire de bureau puisse fonctionner avec plusieurs gestionnaires de fenêtre. L'utilisatrice (ou la distribution) peut ainsi arranger les choses “à sa sauce”.
Certes, on n'installera pas KDE sur un Rapsbery PI, mais des réglages minimalistes peuvent donner un KDE très réactif sur un ordi bas de gamme pas trop ancien. D'un autre côté, pourquoi utiliser un bureau puissant si c'est pour le faire tourner au ralenti ? Chacune trouvera ses arguments dans un sens ou dans l'autre, tant les contextes d'utilisation sont variés.