Après quelques semaines d'utilisation sous LineageOS 19.1 (LOS), je fais un bilan de mes impressions sur le Xiaomi Poco F3. Elles sont non seulement subjectives mais aussi dépendantes des attentes que j'avais vis-à-vis du F3 qui venait en remplacement du mon précédent androphone, un Honor 5X.
Mes points non négociables étaient :
Je n'ai pas utilisé le F3 sous son système d'origine (MIUI 13), ce dernier ayant immédiatement été remplacé par LOS1).
Mon 5X fonctionnant déjà sous LOS, je savais à quoi m'en tenir et n'avait aucune particulière en matière de système et d'interface logicielle.
La largeur du F3 étant la même que celle du 5X, j'ai tout de suite retrouvé mes habitudes de prise en main. Le poids, nettement supérieur a été le principal point auquel j'ai dû m'accoutumer. L'écran est un peu plus long (haut) que celui du 5X sans que cela me pose de problème.
Avoir un smartphone réactif était ma première attente. De ce point de vue, le F3 m'a comblée. La puissance pure annoncée est au rendez-vous. Ayant une utilisation très basique de mon smartphone je suis pas affectée par d'éventuels déséquilibre de répartition de la puissance que pourraient rencontrer des utilisatrices plus pointues qu'il de jeux, de montage vidéo non linéaire ou du traitement par lots de photos. L'écran tactile se fait complètement oublier, précis, ni trop ni pas assez sensible : exactement ce que j'attends de lui. Entre le soft et le hard, mon expérience générale est marquée par une très grande fluidité dans le lancement/changement d'applications, le visionnage de vidéo ou la navigation sur des sites Web méga-lourds 2).
Je n'attendais pas d'amélioration majeure sur ce plan tout en sachant que la qualité de l'écran du F3 serait nettement supérieure à celle du 5X. La qualité reste appréciable, surtout en intérieur. En extérieur, j'ai retrouvé la limitation inhérente à l'AMOLED qui est très peu lisible par grand soleil.
Je savais qu'avec un capteur d'empreinte situé sur le bouton marche-arrêt, je perdrais en facilité d'utilisation par rapport au 5X où le lecteur d'empreinte est centré au dos. Pour une droitière, la configuration du F3 fonctionne très bien lors d'une prise en main classique : le pouce arrive naturellement au bon endroit. Dans toute autre situation, c'est moins facile… En multipliant le nombre de doigts reconnus, on parvient à estomper cette difficulté pour peu qu'on choisisse le bon doigt, dans chaque situation. Si le F3 est posé sur un support, en mode portrait, on a intérêt à avoir l'index droit libre, si on ne pas veut pas se livrer à un exercice d'assouplissement de l'avant-bras et du poignet. Si on a la main droite occupée, le pouce gauche sera souvent la meilleure alternative. La seule situation où le F3 prend l'avantage sur le 5X est lorsqu'il est posé sur le dos et qu'on veut l'allumer dans le prendre en main : son épaisseur, augmentée de la coque en silicone, permet de l'allumer facilement avec l'index ou le pouce, selon l'orientation.
Sous LOS-19, je ne pouvais enregistrer que l'empreinte d'un doigt. Ayant connu la facilité qu'offre le 5X, j'avais l'impression de faire un bond en arrière de 10 ans, en matière d'ergonomie. Cette limitation n'est plus d'actualité avec LOS-20. La possibilité d'enregistrer quatre doigts (ou plus) simplifie la vie dans 90% des cas où l'emplacement du capteur est pénalisant. Reste que les doigts doivent être très propres et parfaitement secs mais hydratés ! On s'y fait.
Pour moi, un smartphone doit commercer par être un bon téléphone. Mine de rien, cela mobilise de nombreuses briques techniques. En matière de téléphonie, le 5X faisait le job proprement, sans plus. Le F3 m'a apporté des améliorations très appréciables. L'accroche du réseau est plus rapide tout comme l'adaptation aux conditions dues à mon déplacement. Les niveaux sont également meilleurs. Deux facteurs entrent probablement en jeu. D'une part la sensibilité de l'équipement radio. D'autre part, la compatibilité avec un grand nombre de canaux. Le 5X n'était compatible qu'avec les principales fréquences utilisées par mon opérateur. Le F3 est compatible avec toutes. Combiné avec la 5G, cela se traduit par un amélioration très notable en matière de connectivité, aussi bien en extérieur que dans le métro ! Tout se passe comme si ma connectivité avait grimpé d'un cran : 4G > 5G, 3G > 4G, GSM > 3G, “pas de réseau” > GSM. Une conséquence immédiate est qu'il ne m'est pas encore arrivé d'être coupée dans une conversation téléphonique, y compris dans des situations où c'était jusqu'ici systématique ou presque.
Dans des situations identiques3), la qualité du son restitué et transmis est sensiblement meilleure sur le F3, à technologie identique (hors VoLTE).
En matière de téléphonie, le F3 dépasse mes attentes. Toutefois, en réduction du bruit ambiant, j'espérais - sans forcément l'attendre - une amélioration qui n'est pas là.
Il est difficile de comparer l'autonomie d'un appareil qui a plusieurs années avec celle d'un appareil neuf. Toutefois, à utilisation similaire, le F3 m'offre une autonomie double de celle que me donnait le 5X, à ses débuts. Quant à la charge, c'est le jour et la nuit. Je mettais le 5X en charge en me couchant. La charge du F3 n'est plus un sujet. Il se charge le temps que je prenne mon petit déjeuner.
En perception utilisatrice4) des fonctionnalités qui compromettaient l'utilisation journalière du 5X5) redeviennent compatibles avec une recharge quotidienne : GPS, Bluetooth, mauvaises conditions réseau, application de navigation active, partage de connexion.
Les fréquences reconnues par le F3 donnent accès à plus de fréquences et de meilleurs débits que le 5X. Carton plein sur point ! Les limitations du 5X commençaient à devenir problématiques, notamment à l'étranger, exceptionnellement en Métropole.
Je ne l'attendais pas mais le partage en WiFi de la connexion WiFi est une excellente surprise ! Concrètement, elle me permet de faire deux choses. D'un côté, en utilisation ponctuelle d'un hotspot, il me suffit de configurer le F3 pour partager indirectement cette connexion avec une tablette, un ordi portable ou un appareil photo ; en bénéficiant du firewall du F3/LOS. De l'autre, les capacités de connexion WiFI du F3 combinées au partage de connexion me permettent de raccorder en WiFi des appareils trop limités (fréquences, sensibilité) pour se connecter directement au hotspot. À la rencontre de ces deux situations, je dispose ainsi d'un relais doté d'un firewall. Pas mal !
Le GPS du F3 accroche entre un peu plus et beaucoup plus vite que celui du 5X, dans les mêmes environnements. Dans de nombreux cas, il accroche en quelques secondes a peine, le temps que la carte s'affiche.
Le F3 est plus précis et indique immédiatement une orientation fiable. En contexte urbain, je n'ai rien à lui reprocher.
Ayant opté pour un F3 disposant d'un stockage intégré de 256 Go, je dispose d'une capacité incomparable aux 16Go intégrés proposés par le 5X. Mais, à la différence du F3, la mémoire de stockage du 5X est extensible par carte SD6). Je reviens plus loin sur la perte de carte SD.
Ma principale attente vis-à-vis d'un espace de stockage unifié portait sur la simplification du paramétrage d'applications de base manipulant, par nature, des données volumineuses : camera, appareils photos, lecteurs multimédias, applications de navigation7)…
Je ne risquais pas d'être déçue et ne l'ai pas été.
Les résultats des tests réalisés par les publications sérieuses s'accordaient à dire que l'appareil photo du F3 ne casse pas des briques. Je n'attendais pas du F3 qu'il puisse remplacer mon vieil appareil compact. J'espérais malgré tout qu'il me permette des prises de vues de meilleure qualité par faible lumière, mon compact étant nul sur ce point … En dépannage quotidien, je savais qu'il serait meilleur que le 5X.
Heureusement que mes attentes étaient très limitées car le F3 y répond de justesse. En dépannage quotidien je m'attendais à mieux. Certes, un bonus fonctionnel est apporté grâce à la prise en charge, par l'application stock, de l'objectif grand angle équipant le F3. Il reste qu'en comparant les photos prises par le 5X et le F3, j'ai du mal à réaliser que le F3 est sorti plus de 5 ans après le 5X8) et qu'il se positionne dans une gamme de prix légèrement supérieure9)… En définition pure, les 12MP du F3 font à peine jeu égal avec les 12,98MP du 5X. Un comble ! Encore ne s'agit-il que d'une fausse équivalence car 12MP du F3 sont obtenus en 4:3 alors que les 12,98MP du 5X le sont en 16:9. Sur le F3, en 16:9, je dois me contenter de 9MP . Une perte de 25% . Je discute ailleurs l'argument marketing des "48MP" du F3.
Dans l'évaluation du rapport qualité/prix, le nombre de points de comparaison est tel qu'on risque facilement d'oublier des choses très basiques. Dans ce domaine, le F3 a des atouts qu'il est bon de prendre en considération pour que la comparaison avec d'autres smartphones soit juste, surtout dans une période où les constructeurs rognent sur les “accessoires” indispensables dans le seul but d'afficher des prix attractifs.
Ainsi, le F3 est livré avec :
La question n'est pas de savoir si l'omission de ces “accessoires” est pertinente14) mais de la prendre en compte dans la comparaison des prix.
De toutes les fonctionnalités que j'ai perdues en passant du 5X au F3, celle qui me manque le plus et qui me manquera toujours est liée à la disparition de la led. Sur le 5X, la led en face avant permet de disposer d'un indicateur permanent paramétrable : on peut associer un comportement (fixe ou clignotant) et une couleur à certaines événements (appel ou message reçu, rdv, timer, etc.). C'est efficace, confidentiel15) et économe en énergie. Je n'avais pas anticipé le désagrément qui allait en résulter. À méditer en cas de changement de smartphone.
Certes, la mémoire n'étant pas extensible par carte SD additionnelle, la capacité maximale est figée. Pour moi, ce n'est pas le principal défaut, si tant est que l'impossibilité de stocker plus de 256 Go sur un smartphone soit un défaut16).
Capacité mise à part, le fait que la mémoire de stockage ne puisse être extraite entraîne deux limitations majeures. La première tient à la vitesse d'accès aux données qui devient tributaire des performances de la chaîne intégrée allant du connecteur USB-C aux composants microélectroniques de stockage. Or, aussi bien en lecture qu'en écriture, la mémoire intégrée au F3 s'avère être lente17). La seconde découle des accès direct au SGF depuis un ordi18) qui se trouvent limités aux modes de partage exposés par Android.
Le premier type de limitation est d'autant plus préjudiciable que les volumes de données concernées sont susceptibles d'être importants. Effectuer une sauvegarde du F3 sur cette mémoire devient une opération lourde. Le déplacement de cette sauvegarde hors du F3 devient une galère…
Le second type de limitation se fait sentir dès qu'on veut effectuer des opérations de maintenance. Ceci s'observe dès l'opération la plus élémentaire qui soit : la sauvegarde ! Bien sûr, on peut contourner cette limitation en installant des app qui rempliront tel ou tel besoin de maintenance19). Ça reste du cas par cas et quand bien même ce serait possible, je souhaite pas transformer mon smartphone en station de travail.
Je l'utilisais de manière occasionnelle mais la disparition du récepteur radio est bel et bien une perte de fonctionnalité. D'une part elle est moins coûteuse en énergie et data que la radio par le Web. D'autre part, elle devient critique en l'absence de connexion WiFi ou radiotéléphonique. Or, y compris en France métropolitaine, les trous noir de couverture réseau existent, y compris dans les villes. Ça m'est arrivé durant l'été 202220), dans un appartement du centre d'une ville de 15.000 habitant⋅es, y compris dans les pièces donnant sur rue21)…