De nombreux tutoriels présentent cette opération de manière simple. Toutefois, tous ceux que j'ai consultés restent évasifs quant aux valeurs à appliquer lors des opération de rétrécissement. Tous supposent que l'on dispose d'une “marge de stockage” “suffisante” sans détailler ce que recouvre ces notions ni fournir la moindre règle de calcul.
Sur un support de stockage qui est à la limite de saturation, ces indications évasives ne sont pas suffisantes. Certes, on peut procéder par essai/erreur, en ayant pris de soin de faire une sauvegarde. Dans le meilleur des cas, cette démarche peut aboutir après “un certain nombre” d'essais1). Elle peut aussi échouer, notamment si l'espace est extrêmement contraint, alors qu'elle est techniquement possible.
Je souhaite ajouter un volume logique à un groupe ne disposant pas de place libre. Je veux ainsi disposer de 16GiB d'espace utilisables pour étendre l'espace de swap du système d'exploitation.
Je vais devoir rétrécir un volume logique existant pour dégager l'espace nécessaire. Je choisis de rétrécir un volume contenant un système de fichiers ext4.
Je m'assure que l'espace disponible sur ce système de fichiers est supérieur à 16GiB2)
Trois caractéristiques de ce cas d'utilisation vont considérablement simplifier la procédure :
Corollaire : dans tout autre cas, la procédure risque d'être (beaucoup) plus complexe.
Pour celles qui connaissent la musique mais trébuchent sur les paroles :
// Depuis le système principal $ df -h $ lsblk -f # lvdisplay //démontage du volume ou reboot sur système de secours ou live # vgchange -a y // pour garantir que tous les volumes sont connus du système $ lsblk // on s'assure du résultat # umount /dev/<vg>/<lv> # tune2fs -l /dev/<vg>/<lv> # e2fsck -fy /dev/<vg>/<lv> # lvreduce --resizefs -L -<espace à récupérer>G /dev/<vg>/<lv> // on n'oublie pas le "-" devant le nombre ! # e2fsck -fy /dev/<vg>/<lv> // pour finir le travail # lvcreate -l 100%FREE -n <nouveau volume> <vg> # mkswap /dev/<vg>/<nouveau volume>
Redimensionnement de volumes et de systèmes de fichiers :
Sur la différence entre l'espace total et l'espace utilisable :
Sur l'intérêt et la manière de créer une partition ou un volume logique de swap:
La démarche appliquée est la suivante :
Les opérations indiquées dans cette fiche ont été effectuées sur un système Debian-like.
Je souhaite récupérer : le nom du groupe, le nom du volume, la taille du volume, le type de système fichiers installé sur ce volume, l'espace disponible sur ce système de fichiers.
La commande suivante affiche la capacité totale, l'espace utilisé et disponible, pour tous les volumes et partitions montées :
df -h
Elle permet également de retrouver le nom du groupe et le nom du volume. Cette information peut ne pas être limpide. Ainsi le volume “mon_volume” du groupe “mon_groupe” peut apparaître comme “/dev/mapper/mon_groupe-mon_volume”.
La commande suivante affiche les systèmes de fichiers installés sur tous les volumes et partitions reconnues4) par le système5) :
lsblk -f
Une dernière pour afficher les informations d'identification des tous les volumes et partitions reconnues par le système :
# lvdisplay
et récupérer le “LV Path” du volume concerné. C'est ainsi que l'on désignera le LV lors des manipulations suivantes.
Si on intervient sur un volume logique implanté dans un support amovible (disque externe, clé USB, carte SD…), on le démonte comme on a l'habitude de la faire (démonter, éjecter, retirer en toute sécurité, etc.)6).
Je m'en tiens au cas d'un poste de travail7). Si le LV se trouve sur un disque8) interne de l'ordi, je recommande de redémarrer l'ordi sur un autre système, par exemple un système “live” sur une clé USB. La question du démontage est évacuée puisque les volumes des disques internes ne seront pas montés par le système live. Dans la suite, je suppose que vous avez suivi cette recommandation9).
Avant d'intervenir sur le LV, on vérifie qu'il est reconnu et manipulable par le système et qu'il n'est pas monté. Une des avantages de LVM est que le nom du LV ainsi que celui du groupe (VG) auquel il appartient ne dépendent pas du système.
Au cas où le système ne l'aurait pas déjà fait, on active tous les groupes LVM :
# vgchange -a y
On s'assure que le volume est présent et n'est pas monté :
lsblk
On effectue un contrôle préalable d'intégrité du SF que l'on va modifier :
# e2fsck -fy /dev/mon_groupe/mon_volume
Dans le cas d'utilisation évoquée, l'objectif final est de créé une volume de swap. Ce type de volume ne comportant pas de système de fichier on se trouve dans le cas simplifié où : taille du volume = taille directement utilisable.
Je souhaite disposer de 16GiB, je rétrécie donc le LV de 16GiB, sans me poser de question10) et je rétrécis le SF du même coup :
# lvreduce --resizefs -L -16G /dev/mon_groupe/mon_volume
# e2fsck -fy /dev/mon_groupe/mon_volume
On sort du cadre de la fiche mais il est intéressant de voir le peu qui reste à faire pour créer un volume de swap prêt à être raccordé :
# lvcreate -l 100%FREE -n nouveau_volume mon_groupe # mkswap /dev/mon_groupe/nouveau_volume
Pour qu'il soit exploité par le système principal de l'ordi, il faudra modifier le fichier /etc/fstab de ce système en conséquence.
Que se passe-t-il si les conditions facilitatrices énumérées au début de cette fiche ne sont pas remplies ?
C'est l'exception la plus simple à traiter. Dans le cas d'utilisation, le LV a été rétréci de 16GiB. Il reste donc 16GiB pour créer un ou plusieurs volumes logiques en utilisant toute la place restante ou pas. Si on ne change pas d'unité (le GiB), c'est de l'arithmétique de CP. Si on créé un volume de 2 GiB et un volume de 5GiB, plus tard, on pourra encore créer un volume de 9GiB.
lvcreate -l 2G -n volume_1 mon_groupe lvcreate -l 5G -n volume_2 mon_groupe … lvcreate -l 9G -n volume_3 mon_groupe
La vraie question est : que veut-on faire de ces nouveaux volumes ?
Ce n'est pas le plus compliqué mais on perd l'égalité : taille du volume = taille directement utilisable. On doit alors considérer 3 données qui auront nécessairement des valeurs différentes : la taille du volume, la taille du système de fichiers, la taille de l'espace directement utilisable.
Les relation liant les deux derniers est la plus simple. Selon la configuration par défaut, un système de fichier ext4 réserve 5% de l'espace total pour son propre usage. On dispose donc librement de 95% du total. On peut être fâchée avec les pourcentages mais, au moins, une relation mathématique existe.
La première contrariété vient avec l'ordre de calcul. On sait de combien de GiB on veut disposer, pas de quel pourcentage d'un grand tout. Si on remet le calcul dans le sens de l'utilisatrice, le système de fichiers devra être 5,263% plus grand que l'espace disponible souhaité. C'est tout se suite moins fun. On sent confusément que 5,263% de 1GiB, ça va piquer les yeux Coup de chance, si l'on peut dire, dans une configuration par défaut, cela fait un compte rond, en unités d'allocation . Concrètement, pour disposer de 1GiB exactement, soit 262 144 blocs d'allocation de 4096 octets chacun, il suffit de créer un système de fichiers d'une taille totale de 275 941 blocs. Sérieux ?
Si on est vraiment à l'étroit, ce qui peut arriver quand l'espace de stockage est arrivé à saturation11), le calcul en blocs d'allocation est précis, sans surprise d'arrondis. La commande suivante donnera les caractéristiques du SF (nombre de blocs, tailles des blocs, etc.) nécessaires :
tune2fs -l /dev/mon_groupe/mon_volume
Dans la plupart des cas, on a plein d'espace de stockage inutilisé (comme dans le cas d'utilisation). On fera des estimations à la louche. Par exemple : j'ai besoin de 1GiB, j'ajoute 10%, il me faut donc un système de fichiers de 1.1GiB. Dans un monde créé pour les utilisatrices, il n'y aurait qu'à demander la création d'un volume de 1.1GiB. Comme annoncé au début de la section, ça ne fonctionne pas comme ça. En passant de swap à ext4, on a perdu l'égalité : taille du volume = taille du système de fichiers.
Je n'en connais pas l'explication mais tous mes systèmes de fichiers disposent de moins de place que n'en consomme le volume logique qui les héberge, même en imposant à resizefs de prendre toute la place disponible. Et pas de quelques malheureux Mo ou MiB… Je parle de plusieurs GiB représentant autour de 1,5% de l'espace consommé par le volume. Ce n'est rien d'autre qu'une mesure empirique que j'utilise dans mes calculs à la louche. Je veux héberger un système de fichiers de 10GiB ? Je crée un volume de 10.18 GiB et je croise les doigts12)…
Mon but initial était de créer un nouveau volume ext4 qui m'offrirait 16GiB d'espace utilisable. En pratique, j'applique donc deux coefficients correcteurs (5% et 1,8%) : 16 x 1,05 x 1,018 = 17,1024 que j'arrondis à 17,2GiB.
La bonne nouvelle est que la procédure exposée pour le cas d'utilisation reste valable, il suffit de remplacer la valeur 16G par 17.2G, dans la commande lvreduce :
lvreduce --resizefs -L -17.2G /dev/mon_groupe/mon_volume
Ce cas n'est pas traité dans cette fiche mais le principe est identique. Il faut toujours répondre aux deux mêmes questions :
Concernant la première, une recherche à travers les sources disponibles peut conduire à la réponse souhaitée, si elle existe. D'une part, la notion d'espace utilisable est floue. D'autre part, la garantie absolue d'un tel espace, n'est pas la seule stratégie valable en toutes circonstances, pour tous les systèmes de fichiers.
Concernant la seconde, je ne dispose pas de données empiriques portant sur d'autres systèmes de fichiers.
Il reste toujours l'expérimentation, bien qu'expérimenter en aveugle rende hasardeuse l'interprétation des comportements des systèmes… Quand l'approche calculatoire est dans l'impasse, il serait ballot de ne pas se lancer On n'a pas fait une sauvegarde (ou deux) pour le seul plaisir encombrer l'espace d'archivage
La procédure exposée n'est valable que si le volume que l'on doit rétrécir héberge un des systèmes de fichiers suivants : ext2, ext3, ext4, ReiserFS ou XFS.
Dans les autres cas, il faudra décomposer l'opération de rétrécissement en trois étapes :
On se passerait volontiers de la multiplication des étapes mais là n'est pas le problème. La troisième étape ne soulève aucune difficulté13). Concentrons-nous sur les deux premières.
Les problèmes de calcul de tailles développés dans la section précédente surgissent de nouveau. Cette fois, ils concernent le volume à rétrécir et non le volume à créer… Cela soulève deux questions liées :