On a l'habitude de distinguer le Raid matériel du Raid logiciel.
Le premier que l'on nomme communément “vrai” Raid est un équipement qui s'interpose entre les disques et l'unité et le contrôleur de disques de la carte mère. Typiquement, cet équipement prendra la forme d'une carte additionnelle coûteuse (> 150€) que insérera dans un slot de la carte mère. Un logiciel spécial (inclus dans le firmware de la carte additionnelle ou disponible sur un support bootable) est indispensable pour configurer la carte et donc le type de raid que l'on souhaite réaliser. Dans un montage de type vrai-Raid, le Bios (ou l'EFI) de la carte mère est incapable d'avoir la moindre information sur les disques réellement utilisés. Il ne connait que ce que la carte Raid lui donne à voir.
Le Raid logiciel (aussi appelé softRaid) est effectué par le système d'exploitation. À la différence du Raid matériel, la carte mère voit directement les disques physiques qui lui sont raccordés. Elle transmet cette information au système d'exploitation. Ce dernier se charge alors, d'organiser l'accès à ces disques de manière à produire l'effet Raid souhaité. Le Raid logiciel est donc une technique de virtualisation d'un Raid matériel.
Bien qu'un peu technique, la distinction entre raid matériel et logiciel a le mérite d'être claire : d'un côté une carte additionnelle, de l'autre du logiciel. C'était sans compter avec le SATA Raid…
Ce type de Raid que l'on nomme également Fake-Raid (faux Raid) ressemble à un Raid matériel mais n'en est pas un. Il consiste à superposer une technique de Raid sur une interface SATA alors qu'un Raid matériel s'interpose entre les disques et une interface (SATA, SCSI…). Le Fake-Raid ressemble à du Raid matériel car il nécessite un équipement supplémentaire sous la forme d'une carte additionnelle ou, de plus en plus souvent, d'un composant inclus dans la carte mère. D'où la confusion, pour ne pas dire la tromperie !
Comme dans le cas d'un Raid matériel, la configuration du Raid se fait par un logiciel intégré au firmware de l'équipement. Mais les similitudes s'arrêtent là. Dans un faux Raid, chaque disque physique reste directement accessible. Tout disque participant à un faux Raid, a une double existence : en tant que disque ordinaire et tant que composant d'un Raid (cela reflète la réalité). Il est donc très facile de “casser” un faux Raid. Il suffit d'accéder directement à l'un des disques participant au Raid ! Le plus souvent, le Bios et le système d'exploitation feront tout leur possible pour masquer cette double accessibilité à l'utilisateur final. Mais ce n'est que cosmétique. Chaque disque physique existe réellement pour le système d'exploitation qui peut donc y accéder individuellement.
L'installation de Linux sur une faux Raid est un casse-tête sans fin :
Techniquement, le vrai Raid est en tous points supérieur au faux Raid. La différence est telle que la comparaison est tout bonnement indécente ! Le faux raid est un bricolage de bas étage. C'est une jambe de bois pour les systèmes d'exploitations comme Window$ qui n'intègrent pas la possibilité de faire du Raid Logiciel. Sur un système d'exploitation moderne, comme Linux, ça ne sert à rien. Si l'ordinateur dispose d'un faux raid, il est chaudement recommandé de le désactiver et d'utiliser le Raid logiciel proposé par le système d'exploitation.
Il reste un cas très particulier où l'utilisation du faux Raid sur Linux (ou FreeBSD) se justifie. Trois conditions doivent être réunies :
Il est préférable de tout faire pour éviter de se retrouver dans une telle situation. Si l'achat et l'installation d'une vraie carte Raid est possible, n'hésitez pas ! Votre Windows disposera ainsi d'un Raid sans que vous traîniez les problèmes du faux Raid.
Les apparences étant trompeuses comment savoir si l'on a affaire à un vrai ou à un faux Raid ?
Si vous installez vous-même une carte Raid, le prix de la carte vous donnera rapidement la réponse… On trouve du faux Raid aux alentour de 30 € alors qu'une vraie carte Raid coûte quelque 180 €.
Si le raid est une fonctionnalité intégrée de la carte mère, il s'agira d'un faux Raid. Bien sûr, s'il s'agit de la carte mère d'un serveur professionnel à hautes performances et haute disponibilité, il se peut qu'il s'agisse d'un vrai Raid. Mais là encore, le prix de la carte mère sera un bon indicateur…
S'il s'agit d'un ordinateur standard, personnel ou de bureau : faux Raid. Seul l'ajout d'une vraie carte Raid peut changer les choses.
En savoir plus (en) : How do I differentiate “fake RAID” from real RAID?
L'installation d'Ubuntu ou Debian sur un faux Raid n'a rien d'évident. La complexité varie suivant les versions du système et la qualité de l'installateur.
Le prérequis élémentaire est que le système chargé soit doté du module dmraid. Sur certains installateurs Ubuntu, ce module est automatiquement chargé. Sur d'autres non. Sur l'installteur Debian, il faut impérativement l'ajouter en tant que paramètre du noyau (dmraid=true), avant d'activer l'entrée proposée par GRUB.
La documentation communautaire officielle tient à jour un tutoriel sur l'installation d'Ubuntu sur faux Raid : FakeRaidHowto (en).
Une article détaille le traitement à appliquer pour que le système, une fois installé, soit en mesure de booter sur un fakeRaid-1 : Running Ubuntu GNU/Linux on a FakeRAID/1 (mirroring) array (en). Bien que ne soit pas le propos principal, il rappelle l'impossibilité de faire du LVM sur du fakeRaid ! (à confirmer sur des versions récentes).