Diffuser une photo c'est aussi diffuser toute une série d'informations directement incluses dans le fichier la contenant. Ce sont ces informations que l'on appelle les méta-données. Au minimum le fichier contiendra la date et l'heure de la prise de vue. En clair “la personne qui a pris cette photo se trouvait là, à telle heure!”. Sans donner le nom de la personne, des caractéristiques détaillées de l'appareil photo1) utilisé et les paramètres de prise de vue permettront à qui le souhaite d'identifier l'autrice de la photo, par simple recoupement avec d'autre photos diffusées. Si l'appareil photo est muni d'un GPS, le fichier contiendra l'information de géolocalisation, en clair !
Si vous n'avez pas le projet délibéré de diffuser ces informations au monde entier2), vous souhaiterez les effacer du fichier avant de diffuser la photo qu'il contient.
On se limitera au cas d'utilisation le plus simple qui consiste à supprimer toutes les méta-données d'une photo ou de l'ensemble des photos contenues dans un répertoire. Les sources d'information mentionnée donnent un point de départ pour traiter des cas plus compliqués.
Les méta-données ne sont pas un mal absolu. Dans le cadre d'une utilisation maîtrisée elles sont même très utiles :thumbsup: ! Elles vous servirons par exemple à classer vos photos, les géolocaliser, avoir des information sur la qualité de prise de vue, etc.
La recommandation est donc de :
MAT (Metadata Anonymisation Toolkit) est un puissant outil d'anonymisation permettant de supprimer les métadonnées figurant dans de nombreux types de fichiers5), pas uniquement des photos.
Il faut disposer de la commande “mat2”. Si elle n'est pas présente sur votre système, il vous suffit de l'installer. Sous Debian, ouvrir une fenêtre de Terminal et taper la commande suivante :
sudo apt install mat2
Si votre ordi est motorisé par Debian 11 Bullseye et que vous utilisez l'environnement de bureau KDE, cette installation ajoute “clean metadata” au menu contextuel qui apparaît lors d'un clic-droit sur un fichier, dans l'explorateur de fichiers Dolphin6). Cela fonctionne également avec une sélection-multiple de fichiers, permettant ainsi de traiter toutes les photos du répertoire de travail.
Dans le cas général, via un terminal, on commence par se rendre dans le répertoire contenant la(les) copie(s) de fichier :
cd mon_répertoire_à_moi
Pour effacer les méta-données d'une seule image :
mat2 mon_fichier_à_moi
Pour effacer les méta-données d'un ensemble d'images :
mat2 fichier1 fichier2 motif1 fichier3 motif2
Par exemple :
mat2 montagne.jpg lac.JPG rando*.jpeg love.jpg *_tente.JPG
Sources:
Il faut disposer de la commande “exiftool”. Si elle n'est pas présente sur votre système8), il vous suffit de l'installer. Sous Debian, ouvrir une fenêtre de Terminal et taper la commande suivante :
sudo apt-get install libimage-exiftool-perl
se rendre dans le répertoire contenant la(les) copie(s) de fichier
cd mon_répertoire_à_moi
Pour effacer les méta-données d'une seule image :
exiftool -all= mon_fichier_à_moi
Pour effacer les méta-données de tous les fichier “.jpg”9) contenus dans le répertoire :
for i in *.jpg; do echo "traitement de $i"; exiftool -all= "$i"; done
n'hésitez pas à adapter le motif “*.jpg” à votre cas d'utilisation.
On travaille sur une copie de l'image originale10). On fait tous les traitements et retouches d'images souhaitées, on enregistre, on nettoie les méta-données. Mince! On voulait archiver une copie de l'image travaillée, avec ses méta-données… Pas de problème, elles sont encore dans l'image originale. Il suffit de les copier d'un fichier sur l'autre :
exiftool -TagsFromFile fichier_original fichier_travaillé
…et voilà !
Le nom de fichier est lui-même une méta-donnée sur votre photo. Si vous conservez les noms que votre appareil photo attribue automatiquement aux fichiers, vous ouvrez une possibilité de reconstruire facilement le lien entre ces fichiers et vous-même. Un minimum d'ingénierie permettra d'isoler le motif de numérotation utilisé par votre appareil photo, à un moment donné. De plus, ce motif séquentiel contient explicitement la chronologie des prises de vues, facilitant ainsi l'identification-localisation-datation des scènes captées.
Un moyen simple consiste à renommer les fichiers de photos11) contenus dans votre répertoire de copie. Par exemple, dans un Terminal sous Linux :
ls -1 *.jpg | sort -R | cat -n | while read n f; do mv "$f" "$n.jpg"; done
n'hésitez pas adapter les motifs “*.jpg” et “$n.jpg” à votre cas d'utilisation.
Cette ligne de commande transformera les noms de fichiers orignaux en une séquence de nombres, systématiquement remise à zéro et déconstruisant la chronologie de prise de vue à l'aide d'un tri aléatoire.
Pourquoi s'enquiquiner à faire tout ça alors qu'il existe des outils en ligne ?
La raison est simple. Si vous transmettez des photos à un service en ligne et lui demandez de vous rendre des fichiers anonymisés, rien n'empêche ce service de conserver, centraliser et diffuser la connaissance acquise à travers vos méta-données, enrichies des données de connexion. Anonymiser à travers des outils en ligne est donc le meilleur moyen de ruiner les efforts de discrétion que vous poursuivez.
Bien-sûr, comme pour tout service en ligne, vous pouvez limiter ce risque en prenant le temps de vous renseigner sur la crédibilité de l'entité fournissant le service (sincérité, efficacité des mesures de sécurité, etc.). Et en vérifiant que cette crédibilité n'a pas été altérée entre la dernière fois que vous l'avez vérifiée et le jour ou vous utilisez le service. Soyons honnêtes : le ferez-vous ?
Du point de vue de la confidentialité, on gagne à faire localement ce que l'on peut faire localement, sur l'ordinateur12) qu'on utilise. Vous pouvez également penser à l'écologie du transfert aller-retour de mégabits voir de gigabits de données.
Si vous trouvez dommage que des plateformes respectueuses de votre privée ne proposent pas un tel service, c'est probablement que vous avez mal lu le paragraphe précédent. Ayez en tête que seules les GAFAM ont les moyens de proposer des services de type GAFAM. Leur force est de convaincre qu'il n'y a pas d'autre manière de faire.
Anonymiser une photo en basse définition est une chose. Le faire sur un reportage complet en haute-définition en est une autre.
Il est peu probable qu'un service en ligne vous permette durablement d'anonymiser anonymement d'importants volumes de données. Plus on fait traiter de photos, plus on donne d'information. Le passage par un service en ligne devrait alors s'accompagner d'un examen encore plus rigoureux afin de déterminer la confiance qu'on peut lui faire, le jour J ! Je vous fais confiance pour apprécier l'intérêt écologique de faire faire un aller-retour à grand nombre d'images en haute-définition…
Lorsque l'orientation de la photo est encodée dans les méta-données, leur suppression entraîne une orientation inappropriée (typiquement, une photo au format portrait se retrouve au format paysage, tournée de 90° ).
Dans ce cas, il faut « redresser » la photo avant de supprimer les méta-données comme expliqué sur la fiche dédiée.